« Les otages étaient nombreux, musulmans et chrétiens. Ces derniers, contrairement aux autres, étaient ligotés, battus et menacés. Les musulmans, d’autre part, étaient libres de se déplacer et même de prier aux heures fixées. »
Le Père Mauro Armanino, missionnaire au Niger, confrère du Père Luigi Maccalli, a partagé auprès de l’Agence Fides le témoignage d’un paysan chrétien enlevé au Niger par des djihadistes, alors qu’il ramassait des branches pour réparer sa grange.
Ramasser des branches est un geste interdit par les djihadistes qui se servent des bois comme d’un refuge.
Mauro Armanino commence par expliquer que les djihadistes lui ont demandé avec quelle arme il préférait être mis à mort.
« Ils lui ont dit de choisir l’arme avec laquelle il aurait été tué : sa machette ou bien leurs kalachnikovs. Il leur a répondu qu’il ne voudrait jamais être tué avec son instrument de travail bien aimé et qu’il préférait leur arme. Ils l’ont donc pointé contre lui et lui a fait un signe de croix. »
Alors, comprenant qu’il est chrétien, les djihadistes lui disent devoir attendre l’arrivée de leur chef.
« Le militant djihadiste a abaissé son arme et lui a demandé s’il était chrétien. Ayant reçu une réponse affirmative, il lui a été dit que, pour prendre la décision finale, ils auraient dû attendre leur chef. Arrivé sur place quelques jours plus tard, le chef l’a interrogé sur l’usage du téléphone portable. S’il avait appelé les militaires ou la police parce que cela lui aurait coûté la vie. Il a répondu que lui, pauvre paysan, n’a pas de contact avec les militaires mais qu’il avait simplement salué un ami. Après avoir contrôlé son téléphone, les djihadistes l’ont épargné et conduit, après des heures de voyage dans la forêt, jusqu’à un groupe de prisonniers. »
L’homme explique alors que les prisonniers étaient « nombreux, musulmans et chrétiens ». Avant de préciser que les musulmans avaient plus de libertés, alors que les chrétiens étaient « ligotés, battus et menacés ».
« Les otages étaient nombreux, musulmans et chrétiens. Ces derniers, contrairement aux autres, étaient ligotés, battus et menacés. Les musulmans, d’autre part, étaient libres de se déplacer et même de prier aux heures fixées. »
Sans qu’on n’en connaisse la raison, le paysan chrétien a été relâché, un mois après son enlèvement. Il était alors à la frontière du Burkina-Faso, à une demi-journée de marche de son domicile.
M.C.